En attendant, voici le récit de ma traversée en Hongrie. Il m'a fallu 3 étapes pour parcourir le pays du nord au sud, avec passage à Budapest. Les températures sont remontées à mesure que je descendais, le ciel est devenu moins gris et la pluie s'est faite plus rare. Voici des extraits de texte que je relate dans mon carnet de voyage:
Mercredi 27. Je me réveille avec une gueule de bois slovaque. Dur, dur! Il est déjà 10h30 que je n'ai pas fini de petit-déjeuner. La motivation peine à dépasser mes séquelles psycho-physiques. Pourtant sur les coups de 4h 30, je me tenais debout, dehors. Contraint de mieux me protéger de la pluie ayant subitement démarrée et commençant à faire patauger le matelas. Ni une, ni deux, j'ai sauté dans les chaussures pour enfiler la toile de tente protectrice. Mes rêves sont ensuite revenus plus au sec et à présent il ne pleut plus. Le champ sauvage qui s'étend autour du campement est calme. Pas de signe de présence humaine, seuls oiseaux et insectes égayent l'ambiance paisible de cette prairie.
Le voyage à continuer me remet en selle, voila midi passé. Étape prévue vers Budapest. Tel un tank, je m'extirpe des lieux, balayant sous mes roues la végétation aride. Un chemin de sable me fait ensuite rejoindre la route normale. Rapidement le village de Pilismarot. Sous un ciel largement nuageux, l'atmosphère est suffocante. Les vastes plaines qui partent du fleuve sont limitées, à l'horizon, par une chaine de moyenne montagne boisée: les montagnes de Visegrad. Après Domos, 13h, je décide de varier mon parcours en traçant plus court (mais plus dur) à travers cette montagne.
La deuxième ascension est la bonne! Dans la montée lente et ininterrompue, malgré le souffle court de l'effort, je me ressource dans cet environnement montagneux et forestier que j'affectionne tellement. C'est formidablement calme. J'évite ainsi le trafic incessant de la RN longeant le sud du fleuve. Une bonne heure de moulinage me mène à 400 mètres d'altitude, dans le village de Plisszentlaszlo. Après une pause nécessaire, je reprend la route sous une belle apparition du soleil dont les rayons sèchent d'un coup la transpiration sur mes vêtements. Dernière pente à la sortie du village, puis 3 coups de pédale suffisent pour entraîner le vélo dans la descente. Rapidement je monte à 40 km/h. Quelle liberté de se laisser foncer sans effort, l'air frais filant sur la peau. En bas, Szentendre s'étend sur la rive ouest du Danube. Je fonce vers la ville mais garde une grande prudence pour limiter les risques avec une telle vitesse. Les freins chauffent mais tiennent bon. Je me remet finalement sur le chemin de l'EuroVelo 6. Budapest n'est plus très loin au sud.
21 heures. Il fait déjà nuit. Je recherche désespérément un coin propice au bivouac. Les bords de l'eau sont tous occupés sur ma route. Je me résigne à camper dans une sorte de champs ; au bout, derrière un arbre, le sol est adéquate. Les bouchons d'oreille seront nécessaires pour m'isoler du bruit incessant des voitures fonçant sur la route située juste à 20 mètres de la. Ce sera la mienne pour demain, donc pratique tout de même!
Démoralisé par le passage slovaque, j'ai été d'autant plus charmé par ce que j'ai vu ici en Hongrie. J'y ai retrouvé de la gaieté, de la culture, de la couleur... de la vie agréable quoi. Et Budapest, quelle ville majestueuse! Bien que je n'ai fait que traverser, je suis sous le charme. La vie est profitable dans cette cité de charme. Sous le soleil, j'ai admire quelques uns des édifices, les parcs, les quais doucement animés du Danube. L'endroit à quelque chose de romantique, cela donne envie. A l'avenir je compte y revenir pour une visite plus complète.
Je passe la nuit sur Sziget, plus au sud de la capitale. Île située entre les deux bras du Danube, les quartiers y sont colorés et les maisons réalisées avec goût. Peu de ruines et moins de déchets, l'environnement n'a plus de comparaison avec le pays précédent. Et la nature s'exprime de plus belle.
Jeudi 28. Le trafic sur cette route est vraiment incessant! Et puis une fois de plus j'attire la pluie. Bon, il est 8 heure et quart et je redémarre ; de bonne heure ce matin à cause de l'endroit où je me situe. Direction toujours vers le sud pour y trouver le soleil, la Croatie et le 3000ieme kilomètre. Poisseux il va me falloir une bonne douche ces prochains jours. 10 heures. Temps de la pause au bord du "Rackevei Duna" (bras du fleuve situé plus à l'est). La pluie de fines gouttelettes se renforce. Mais le feuillage de l'orme au pied duquel je suis assis, me préserve de l'humidité pour savourer quelques cochonneries bien sucrées. La route empruntée jusque là est bien cabossée. Il faut garder le guidon bien empoigné pour passer crevasses et bosses. La tension musculaire et les impacts enkylosent mes poignets. Les relâcher, me provoque une certaine douleur.
Grand amateurs de pêche, les hongrois sont présents un peu partout le long de l'eau. C'est dire leur engouement pour cette activité quand on observe autant de femmes la pratiquant. La pluie redouble, je passe en mode amphibien.
Apres plusieurs km d'allées bordées de maisons sympathiques et d'arbres, me voici seul au monde. Plus une seule habitation. Seules 2 ou 3 fermes parsemées dans ce vaste decor. Un chemin rehaussé, je roule doucement sur son tapis de verdure. L'horizon est vaste. Mise à part au loin, Dunaujvaros s'élevant dans un voile gris crée par les industries chimiques, l'environnement est vaste et très vert. C'est le moment de reconnaitre les arbres, étant donne le grand nombre et les varietés qui boisent le bas du chemin. Malgré le temps gris, le sol glissant et peu pratique, je suis dans mon élément. Du jaune à l'ocre et toutes les teintes du vert colorent ce splendide tableau.
13 heure. Pause repas. En bas du chemin une construction en bois. M'y dirige pour trouver un abri et tombe sur une reconstitution d'une salle de classe. Sympa pour la photo et le confort, néanmoins le sol est répugnant d'amas de déchets plastiques mêlés à la boue. Beuerk. Je mange le regard au dela, afin de ne pas être dégouté et surtout savourer comme il se doit cette tartine miel-fromage!
14 heure. Soleil et route en bon état pour reprendre la course. Mais courte rejouissance. Maintenant, les roues alignées dans une rigole de terre, je trace à travers la digue recouverte de gazon. Ce décor me donne l'impression de rouler sur la pelouse d'un jardin paysage vaste et étendu le long du fleuve. Le soleil ne fait pas semblant et ne tarde pas à me faire dégouliner de sueur.
Mais a quoi ressemble le fleuve? Apres avoir posé mon chargement au sol je dévale la pente, passe les 300 mètres de forêt clairsemée et atteint l'eau après un dernier rebord de terre. Et bah c'est splendide! Une belle et calme étendue d'eau en harmonie avec une végétation épanouie.
La suite restera belle de ce côté du Danube. La route devenue meilleure car goudronnée, j'ai traversé quelques patelins typiques sous un beau temps. Je ne saisis pas encore bien l'expression que porte sur moi les hongrois croises mais m'y habitue et me sens plus à l'aise. Quelques signes sont échanges avec certains. Sous ce beau temps, j'ai oté mon maillot jaune et déambule ainsi une grande partie de l'après-midi. Ca ne dérange guère les gens. Traversant les villages en suivant l'itineraire officiel, j'ai admiré une flore variée et luxuriante par endroit, la vie des habitants et leurs habitats colorés. Par contre je n'ai croisé que plus rarement des homologues de voyage ce qui renforce un peu plus l'authenticité de la ballade.
Pour la nuit je redescend au bord du fleuve. Malheureusement, l'orage que j'admirais plus au sud, a progressé et s'abat au dessus de moi. La voilà, la douche. Pensant que cela va durer, je me hâte de monter ma maison. Puis debout, dépité par autant de violence du ciel j'attend. Ca se termine très vite en fait. Un quart d'heure pour tout détremper. Puis le temps redevient clément comme si rien ne s'etait passé. Je reprend mes esprits et mes aises pour passer une bonne nuit. L'endroit est reposant.
Vendredi 29. J'ai eu chaud cette nuit. Ce matin je suis bien dans mon duvet et renvoie plusieurs fois la sonnerie du reveil. Puis petit à petit j'emmerge. Dehors c'est tout gris. Je m'en doutais avec les étoiles peu visibles dans le ciel. Un leger vent vient fouetter la toile de tente. Une barque avec 2 pêcheurs vient accoster près du bivouac. Je ne peux pas savoir ce qu'ils font et cela m'est égal car je reste bien au chaud dans mon interieur. Un chien errant fait ce qu'il sait faire de mieux : errer et traine devant la tente. Il n'est pas bien brave et ne prête que peu d'attention à ma presence.
Derniers coups de pédale en Hongrie. Le ciel menacant s'exprime en fin de matine. Le chemin est le même que la veille. Je roule en hauteur dans des paysages qui ne varient plus tellement. 15h30. Face a la ville de Mohacs, de laquelle me sépare le DUNA, mon choix est fait. Le demi-tour. L'titneraire de l'EV6 propose de passer sur l'autre rive en empreintant un bac. Comme ce n'est pas la fête je ne lâcherai pas de Forint (la monnaie hongroise, que je n'ai pas, et une route alternative m'est proposée). J'évite de ce fait toute la portion Croate mais file plus directement en Serbie. 17 heures, mais où est la Serbie!? Je n'en peux plus. 80 km déjà de roulé ce jour et je sens mon corps épuisé. La lassitude me gagne pourtant l'envie me tient de passer la frontière. Je recharge en glucides et me traine péniblement une heure durant. 18h30. C'est bon, les serbes me laissent passer. R.A.D. Pour la première fois, le contrôle de douane est plus pointu. Je passe avec mon vélo, parmi la file de voitures. Situation peu commune mais sympa à vivre. Une pancarte présente le parcours de vélo serbe. 326 km jusqu'à Belgrade !!! Ca ne relève pas ma motivation du jour par contre ce nouveau territoire me redonne du courage pour rouler jusqu'à 20heures .... à suivre, dans quelques jours, le passage en Serbie.
Arrivee a Budapest |
Budapest |
Bonne lecture, a bientot
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